ZAPOROJIE FRANCOPHONE           
   

Zaporojie se trouve dans le sud-est de l'Ukraine (voir carte ci-jointe), au bord du Dniepr. C'est un chef-lieu de région.

Elle fait partie des grandes villes industrielles de la "Petite Russie", région à population majoritariement russophone, incluse dans la République d'Ukraine depuis la création de l'URSS, et maintenue dans l'Ukraine indépendante depuis 1991.

En 2003, Zaporojie compte environ 783.000 habitants, ce qui en fait la 6ème ville d'Ukraine (derrière Kiev, Kharkov, Dniepropetrovsk, Odessa et Donetsk).

(Drapeau et emblème de la République d'Ukraine, depuis 1991. )


2. Un peu d'Histoire :

 

Bien que la ville soit de fondation récente (fin du 18ème siècle), le site de Zaporojie a été habité par des populations nomades ou semi-nomades depuis des temps immémoriaux. Les scythes (800 à 200 av. J.C.), puis les sarmates (200 ap.J.C.) ont occupé la région, avant que les slaves ne s'installent progressivement dans toute l'Ukraine entre le 6ème et le 8ème siècles.

Ce sont les Varègues (les Vikings) qui fondèrent le premier royaume de Kiev, à la fin du 9e siècle.

Vers le 13ème siècle, les cosaques (paysans slaves libres) dominent tout le sud de la Russie et de l'Ukraine, sur les bords des fleuves Volga, Don et Dniepr.

La grande île de Khortitsa, sur le Dniepr, devient une forteresse naturelle pour les cosaques Zaporogues, qui y établissent leur principal sitch (campement). Autonomes, les cosaques constituent une force importante qui protège le sud de l'Empire Russe, notamment contre les turcs.

Le musée de Khortitsa présente aujourd'hui de nombreux vestiges de cette époque.


"Les Cosaques de Khortitsa écrivent une lettre au Sultan Turc", oeuvre du peintre russe Ilia Répine (1844-1930)


Au 17e siècle, l'Ukraine est partagée en deux : l'ouest est sous domination polonaise, tandis que l'est est contrôlé par la Russie. Entre 1772 et 1795, lors de la campagne victorieuse contre la Pologne, l'Ukraine passe définitivement sous domination russe. C'est en 1785 qu'est fondée la ville d'Alexandrovsk, à côté de l'île de Khortitsa ; à la fois colonie et ville de garnison, sa population est constituée de colons russes et de cosaques sédentarisés. Elle dépend de la ville d'Iekaterinoslav (l'actuelle Dniepropetrovsk), à 80 km.


Entre 1917 et 1922, l'Ukraine traverse une période particulièrement confuse.
Libérée de la tutelle de Petrograd, l'Ukraine proclame son autonomie en 1917. Mais l'éphémère République Nationale Ukrainienne ne résiste pas aux occupations successives des armées de tous bords : armée austro-allemande (jusqu'en 1918), corps expéditionnaire allié de Franchey d'Esperey, légion polonaise de Pilsudsky, armée nationaliste ukrainienne de Petlioura, armée blanche de Denikine, armée rouge de Trostski, sans oublier les anarchistes de Makhno (photo ci-contre). Alliances et trahisons de circonstances rendent cette guerre particulièrement incompréhensible, Kiev étant occupée, perdue et reprise au moins une vingtaine de fois par des armées différentes.

Basés à Goulaï-Polé, à 50 km d'Alexandrovsk, les makhnovistes ressuscitent la tradition des Cosaques, et lorsque l'armée rouge finit par prendre le dessus, ils sont les derniers à se rendre aux bolchéviques, en 1921. L'Ukraine entre dans la nouvelle U.R.S.S.

A noter que les deux principaux protagonistes ukrainiens de cette guerre, l'anarchiste Nestor Makhno et le nationaliste Simon Petlioura, finirent leurs jours à Paris, où ils trouvèrent refuge. Makhno est enterré au Père-Lachaise et Petlioura au cimetière du Montparnasse...


Nestor Makhno


En 1921 la petite ville d'Alexandrovsk est rebaptisée Zaporojie, en référence aux Cosaques de l'île de Khortitsa. La construction du gigantesque barrage sur le Dniepr, entre 1927 et 1932, s'inscrit dans le cadre du programme soviétique d'industrialisation du Donbass, au sud de la Russie et de l'Ukraine.

Cette industrialisation à marche forcée d'une région essentiellement agricole ne doit faire oublier la terrible famine de 1932-1933, qui a tué plusieurs millions de personnes, dont au moins 5 millions (probablement 7 millions) d'Ukrainiens.

Toutefois la ville nouvelle de Zaporojie se développe très rapidement, jusqu'à devenir une des plus grandes d'Ukraine, avec près d'1 million d'habitants. Elle prend son aspect actuel, urbanisé à la soviétique, avec de larges boulevards et avenues rectilignes, notamment le fameux boulevard Lénine, qui mesure 12 kilomètres de long.

La ville est bordée par la plus grande zone industrielle du pays, qui en fait pendant quelques années une des villes les plus polluées d'Europe... Sidérurgie, métallurgie, industrie automobile, industrie aéronautique sont favorisées par les sources d'électricité du barrage, puis de la centrale nucléaire de Zaporojie.



le barrage : affiche soviétique


3. Zaporojie aujourd'hui :

Malgré la récession économique subie par l'Ukraine depuis son indépendance en 1991, la ville de Zaporojie demeure parmi les plus productives d'Ukraine, avec ses rivales régionales Dniepropetrovsk (centre financier), Donetsk (mines de charbon), et Krivoï-Rog (acier).

Outre son industrie, actuellement en restructuration (l'usine automobile vient de passer sous le contrôle de General Motors), Zaporojie bénéficie d'institutions au rayonnement régional voire national, notamment l'Université, l'Orchestre symphonique et ... l'équipe de football de Metallurg Zaporojie. Grâce à sa magnifique situation sur le Dniepr, et au classement de l'île de Khortitsa en parc naturel (cf. photo à droite), Zaporojie fait partie des itinéraires toursitiques, notamment des croisières sur le Dniepr, qui y font escale.


le parc naturel de Khortitsa, carte postale

La population de Zaporojie a diminué, comme celle de l'ensemble du pays, en raison du phénomène d'expatriation de milliers de jeunes gens vers l'étranger (Canada, Europe, Etats-Unis...). Malgré cela, elle demeure nombreuse, et plutôt jeune.

Zaporojie est aujourd'hui jumelée avec la ville de Belfort.

Depuis l'indépendance, la ville s'est modernisée, et le boulevard Lénine se remplit de magasins, restaurants, cafés, terrasses et parcs, qui en font une ville agréable à vivre. Comme en plus ses habitants réservent aux visiteurs un accueil chaleureux, Zaporojie est incontestablement une ville qui mérite qu'on s'y arrête pour la découvrir.


le boulevard Lénine aujourd'hui

 

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