ZAPOROJIE FRANCOPHONE | |
L'Orchestre Symphonique de Zaporojie
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L'Orchestre Symphonique de Zaporojie est, sans conteste, l'Institution culturelle la plus prestigieuse de la ville et de la région, et l'un des Orchestres les plus importants de toute l'Ukraine, pays béni par les Dieux de la musique - patrie de Sviatoslav Richter, David Oistrakh et Emil Guilels, pour ne citer que ceux-là.... Il nous est donc apparu évident de vous le présenter, dans ce site consacré à Zaporojie - et ça tombe bien, car l'Orchestre partage avec l'Alliance Française de Zaporojie une vraie passion pour la diffusion de la culture, ce qui les a naturellement conduits à réaliser des projets en commun. Les liens d'amitié qui existent entre le chef Vyacheslav Redya et les membres de l'Alliance Française y sont aussi pour quelque chose... En Mai 2003, grâce
à notre présidente Ludmilla Bogdanovska, Vyacheslav Redya
nous a reçus dans le magnifique conservatoire Glinka, siège
de "son" Orchestre Symphonique de Zaporojie. Gentiment, il
nous a fait visiter la grande salle des concerts, et nous a accordé
une interview, au cours de laquelle il nous a conté l'histoire
de l'Orchestre, confié ses projets ... et nous a séduits
par son enthousiasme communicatif. |
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Entretien avec Vyacheslav Redya, chef de l'Orchestre |
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Quand avez-vous pris vos fonctions de directeur de l'Orchestre Symphonique de Zaporojie? V. Redya - Très simplenent, après avoir terminé ma formation à Kiev (1), en 1986, j'ai passé le concours de Direction d'Orchestre ; l'Orchestre de Zaporojie cherchait un nouveau Directeur, et voilà. Jouez vous également d'un instrument? V. Redya - Naturellement, j'ai fait mes études au Conservatoire Supérieur, je joue donc de la trompette, et du baïan (2). (de gauche à droite : Vyacheslav Redya, Frédéric Pélassy, Ludmila Bogdanovska)
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Quelles sont les différentes formations de l'Orchestre? V. Redya - Outre l'Orchestre Symphonique proprement dit, composé de 70 à 80 musiciens, nous jouons parfois en formation de chambre, avec 15 à 25 musiciens. Nous avons eu un jazz-band, qui n'a hélas pas survécu à des difficultés financières. Pour certains concerts nous engageons occasionnellement des musiciens supplémentaires. Tout dépend du programme. Pour les enfants nous préparons des programmes spéciaux. Par exemple ? V. Redya - Nous cherchons à faire connaître de façon pédagogique une époque, ou des compositeurs, ou des genres, par exemple du jazz à l'opéra, ou de bach à la musique contemporaine... Ces concerts ne durent pas trop longtemps ; environ une heure. Nous donnons environ quanrante de ces concerts pour enfants chaque année. Nos concerts sont accompagnés d'explications conçues spécialement pour les enfants, avec un musicologue. Nous avons donné un de ces concerts en Suisse, sur le thème "le chef et l'Orchestre". A cette occasion, j'ai invité des enfants à monter sur scène, et à tenir la baguette du chef... Comment ont-ils réagi? V. Redya - Ils sont très vifs et enthousiastes ! Pensez vous que ce genre d'action peut amener des enfants à jouer de la musique? V. Redya - J'en suis convaincu ! il faut le faire le plus tôt possible ! |
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V. Redya - Ce sont tous des professionnels, de formation musicale supérieure. Nous les recrutons par concours. Bien entendu, j'ai mon mot à dire sur le recrutement, pour assurer la cohésion de l'ensemble, et trouver les bons remplaçants. Comment jugez-vous actuellement la qualité de l'enseignement musical en Ukraine? Les écoles des pays slaves sont réputées de haut niveau. Est-ce encore le cas aujourd'hui? V. Redya - Tout-à-fait, voyez d'ailleurs les musiciens de rang international issus des pays de l'ancien camp socialiste [rires]... En occident existe le système de la master-class, payante, qui ne dure pas longtemps ; chez nous l'enseignement est individuel, et dure au minimum 5 annnées dans le cadre d'un conservatoire supérieur. [nous regardons les nombreuses affiches de concerts, qui ornent le bureau de Vyacheslav Redya] |
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V. Redya - Ah, voici nos derniers programmes : Hamlet, de Tchaïkovski... des compositeurs ukrainiens contemporains, comme Ivan Karabits... Est-il parent du jeune chef associé de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, l'ukrainien Kirill Karabits? V. Redya - Oui, Kirill est le fils d'Ivan Karabits. Quels sont les autres orchestres de qualité en Ukraine? V. Redya - Un très grand orchestre est bien sûr celui de l'Opéra National ; à Kiev il y a aussi l'Orchestre National, l'Orchestre Philharmonique ; sans oublier l'excellent Orchestre Philharmonique d'Odessa, dirigé par l'américain Hobart Earle. Quel est le rayonnement des orchestres en Ukraine? La fréquentation des concerts reste-t-elle importante? V. Redya - Tout dépend du répertoire, de la publicité... mais aussi de la notoriété des solistes. Par exemple, lorsqu'Emmanuel Strosser est venu à Zaporojie, le public est venu massivement sur son nom. Un autre exemple, le pianiste ukrainien Vitaly Samoshko, lauréat de nombreux concours, et premier prix du concours Reine Elisabeth, avec qui nous avons joué en Suisse, en Hongrie et en France - à Belfort d'ailleurs... Vous dites que cela dépend aussi du répertoire... et si cela ne tenait qu'à vous, quel programme mettriez-vous en oeuvre? V. Redya - Nous jouons tellement bien la musique russe... Par exemple, la deuxième symphonie de Rachmaninov, et son deuxième concerto pour piano... et aussi [il regarde les affiches] Hamlet, de Tchaïkovski, moins souvent interprétée, mais c'est une musique très dramatique, très émotionnelle... Il faut aussi jouer les compositeurs ukrainiens, notamment en tournée, afin de les populariser. La musique de mon ami Ivan Karabits par exemple. Vous savez qu'il est décédé il y a un an. C'est une musique si brillante... Quand nous avons joué ses oeuvres en hommage, à Kiev, son épouse est venue nous voir, elle pleurait... Quels sont les autres programmes que vous défendez? |
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V. Redya - Nous menons de nombreux projets : nous organisons un festival annuel, "baroque et avant-garde", qui incite à l'interprétation de la musique contemporaine, et qui réunit un grand nombre de musiciens et de compositeurs. Un autre festival, "Les accords de Khortitsa", réunit de jeunes talents, ainsi que des enfants qui jouent avec l'Orchestre. Récemment, nous avons mené un projet en commun avec le Concertgebouw d'Amsterdam, dont des percussionnistes sont venus jouer à Zaporojie un programme 100% néerlandais, "super avant-garde and classical music" [rires]. . Nous renouvellerons cette opération l'année prochaine, sous le titre "Gold Rage" : un concerto pour ensemble de percussions et orchestre symphonique. Une création. Et la musique française? V. Redya - Nous jouons bien sûr Lalo, Milhaud, Bizet... |
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Quels sont les derniers concerts où vous avez joué de la musique française à Zaporojie? V. Redya - Il faut que je cherche dans ma "mémoire"... [il regarde à nouveau les affiches] Saint-Saens : le concerto pour piano n°2... Massenet... et le Carnaval des Animaux, que j'ai aussi dirigé à Moscou avec l'Orchestre du Théâtre Bolchoï... [la conversation s'évade sur une longue liste de compositeurs figurant sur les fameuses "affiches"...] V. Redya - Bientôt nous partirons en tournée en Italie, pour la première fois. Nous y jouerons Dvorak, le concerto pour violon, et la huitième symphonie, et aussi un concert Strauss. Nous avons souvent joué en Suisse, en Hongrie, en ex-Yougoslavie, en Autriche - notamment au Mozarteum de Salzbourg - et bien sûr en France. Il paraît que vous revenez bientôt en France? V. Redya - Oui, les 23 et 24 juillet 2003 au festival de Peyruis, en Provence. Nous donnerons une "soirée russe" avec les Tableaux d'une Exposition de Moussorgski, dans l'Orchestration de Ravel, et le troisième concerto pour piano de Rachmaninov avec le pianiste Dimitri Naïditch ; ensuite une "soirée provençale", avec l'Arlésienne de Bizet, et les Lettres de mon Moulin, du compositeur français Olivier Dartevelle, qui dirigera lui-même. Ce festival est organisé par l'Association "Musique et Patrimoine", au Chateau du Marquis de Piozin, à Peyruis... (3)
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Cette
conversation aurait pu durer longtemps encore, tellement il est difficile
de résister au charme et à l'enthousiasme de Monsieur
Redya... Elle se poursuivit d'ailleurs, à bâtons rompus,
au cours de la visite de la grande salle de concert du conservatoire
Glinka. Après une petite séance photos - hélas
peu réussies, en raison de l'éclairage - et de l'émotion?
- nous nous sommes finalement séparés, en nous promettant
de nous revoir lors d'un prochain séjour à Zaporojie,
et, juré, à l'occasion d'un concert !
(à droite : la statue de Glinka, |
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(2) Le Baïan est l'accordéon de concert russe. (3) Malheureusement, le voyage en france n'aura pas eu lieu. Faute d'argent ! accident hélas ordinaire en Ukraine... L'Orchestre s'est vu refuser la subvention destinée à lui permettre de financer son voyage... |
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Parmi les solistes de renom avec lesquels l'Orchestre de Zaporojie s'honore d'avoir collaboré, on peut citer les pianistes Emil Gilels, Tatiana Nikolaieva, Lev Oborin, les violonistes Leonid Kogan et Viktor Tretiakov, l'altiste Yuri Bashmet, la violoncelliste Natalia Gutman... | |
...et le jeune violoniste français Frédéric Pelassy, qui a bien voulu nous transmettre ce témoignage enthousiaste, non dénué d'humour (ci-contre). Frédéric Pelassy mène avec succès une carrière internationale. Ses concerts et ses enregistrements sont salués par la presse, et surtout, par le public. (Lien vers son site officiel, cf. notre page "Liens et bibliographie") (documents reproduits avec l'aimable autorisation de F. Pelassy) |
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